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Daniel Munck
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Au Pays des Pierres

Daniel Munck est chargé de mission Pierres sèches et patrimoine au Syndicat mixte des Gorges du Gardon. Fortement impliqué dans la valorisation et la préservation des savoir-faire traditionnels, il coordonne les chantiers de restauration en pierre sèche, tout en accompagnant les collectivités locales dans leurs projets. Son expertise et son engagement font de lui un acteur central de la transmission et de l’innovation autour du patrimoine local.

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Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Daniel Munck, et je suis chargé de mission Pierres sèches et patrimoine au Syndicat mixte des Gorges du Gardon (1). Parallèlement, je joue un rôle clé dans le développement du tourisme durable, l'animation du réseau des éco-acteurs de la réserve de biosphère, et la promotion culturelle du territoire.

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Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?

L’idée de départ était de montrer les usages contemporains de la pierre sèche. Ce qui me fascine avec cette technique, c’est sa capacité à s’adapter aux besoins de chaque époque. Par exemple, durant l’âge du fer, la pierre sèche était utilisée à des fins défensives, notamment pour construire des oppida sur les hauteurs. Par la suite, elle a servi à des usages agricoles, particulièrement dans notre région. Puis, au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, on a commencé à l’employer pour des usages plus décoratifs, notamment autour de Nîmes.

Pour ce projet, nous avons voulu explorer comment la pierre sèche pouvait s’inscrire dans des pratiques contemporaines, notamment à travers l’art paysager. La construction que vous voyez ici est une partie d’un projet plus vaste, consacré à la pierre sèche dans le paysage de la réserve de biosphère des Gorges du Gardon. Ce projet s’est articulé autour de deux volets.

Le premier volet était centré sur le Land art avec une résidence artistique participative. Après un appel à candidatures qui a suscité près de 60 réponses (3), nous avons sélectionné une plasticienne bretonne: Douce Mirabaud. Elle a créé trois œuvres sur trois sites différents, en utilisant la pierre sèche et en impliquant activement les habitants du territoire. Plus de 500 personnes ont participé à ce premier volet, ce qui a été une véritable réussite.

Le deuxième volet avait une approche plus technique. Nous avons lancé un concours d’architectes afin de réaliser une œuvre construite par des artisans dans le cadre d’un marché public. Cela permettait de montrer la connexion entre la pierre sèche et la construction actuelle.

A l'intérieur du grand mammouth ; Sainte-Anastasie.jpg

Avez-vous communiqué sur le projet ?

Oui, nous avons beaucoup communiqué à différentes étapes : pendant le concours d’architectes, tout au long du chantier, puis après son achèvement. Il y a eu des reportages télé, des articles de presse, et d’autres initiatives pour valoriser la pierre sèche.

Les niches écologiques présentes dans l’ouvrage étaient-elles prévues au départ  ?

Oui, cela faisait partie du cahier des charges. Nous voulions mettre en avant les pratiques liées à la pierre sèche, y compris son rôle comme habitat spécifique pour la faune et la flore. Le mur offre un habitat encourageant une bonne diversité des espèces végétales et animales, ce qui favorise la fertilité des sols et l’équilibre biologique, créant ainsi un écosystème propice à la vie.

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3.Interprétation des Mammouth

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3. Artiste plasticienne, Douce Mirabeau

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4. Ariane Marty- architecte, REPLICA Architecture

Est-il facile d’utiliser la pierre sèche dans des projets publics ?

La principale difficulté ne vient pas de la disponibilité des pierres – ici, nous n’avons jamais eu de problème pour en trouver – mais plutôt du manque d’artisans qualifiés et disponibles. Beaucoup de professionnels de la pierre sèche travaillent comme auto-entrepreneurs ou en petites structures, et ils ne sont pas toujours intéressés par les marchés publics à cause des contraintes administratives.

6.  Créée à Capdenac-Gare en 1996, Derrière Le Hublot est une association type loi de 1901 qui soutient des projets artistiques et culturels souvent créés pour et avec le territoire et ses habitants. Implantée dans l’Aveyron sur une commune du Grand-Fig

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Pourquoi avoir inclus la pierre sèche dans ce projet ?

La pierre sèche est au cœur de mon travail : je suis Monsieur Pierre sèche au syndicat ! Nous avons même un chantier d’insertion qui restaure des ouvrages en pierre sèche dans les communes, et 90 % de ces restaurations utilisent cette technique.

Mon rôle est aussi d’accompagner les collectivités qui souhaitent se lancer dans des projets en pierre sèche, car elles manquent souvent d’expertise. Par exemple, certains artisans proposent des solutions qui ne respectent pas les techniques traditionnelles, comme des parements en pierre collés sur du béton. Mon travail consiste à garantir l’authenticité et la qualité des projets.

Figure 4. Vallée du Célé

8. Le Célé prend sa source dans le Massif Central à 713 m d'altitude sur la commune de Calvinet et se jette, après avoir louvoyé durant 136 kms, dans le Lot à Bouziès tout près de Saint-Cirq-Lapopie.

9. Les causses du Quercy forment une région naturelle française constituée de plateaux calcaires. Ils doivent leur nom à l'ancienne province du Quercy dans laquelle ils se situent. 

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Quels arguments utilisez-vous pour promouvoir la pierre sèche ?

Pour moi, la pierre sèche est une technique extraordinaire, à la fois par sa cohérence et par ses avantages. Elle utilise des matériaux locaux, a une empreinte carbone extrêmement faible, génère de l’emploi local et s’intègre parfaitement au paysage.

Une anecdote : avant de travailler sur la pierre sèche, j’étais forestier dans le Jura. Pendant des années, j’ai arpenté des forêts parsemées de murs en pierre sèche sans vraiment les remarquer. Ce n’est que lorsque j’ai commencé à travailler ici que j’ai compris leur importance dans le paysage.

Ce qui est remarquable, c’est que la pierre sèche permet de créer des ouvrages qui se fondent dans leur environnement grâce à l’utilisation de matériaux locaux. C’est un véritable atout pour le développement durable, et je n’ai jamais vu une filière qui coche autant de cases dans ce domaine.

10. Artisan murailler, il découvre l’art de la construction en pierre sèche enfant avec son grand-père. Titulaire d’un BTS bâtiment et passionné d’histoire et d’architecture, il s’oriente rapidement vers les sujetoutes époques.

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11. Marce-Adeline Bourgarel de l'entreprise

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