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De Terre et d'Eau

Salima Naji est architecte diplômée de l’École d’architecture de Paris-La-Villette, et docteur en Anthropologie (EHESS, Paris).  Elle exerce au Maroc en privilégiant les matériaux locaux dans le respect de l’environnement et de la culture des lieux. Depuis les toutes premières réalisations, la démarche s’inscrit dans une volonté de collaboration avec les artisans locaux. Conformément aux enseignements du grand architecte égyptien Hassan Fathy, elle les fait intervenir en leur rendant leur place dans une architecture qui reste cependant contemporaine.

Bonjour Salima Naji, peux-tu te présenter s’il te plaît ?

J’ai commencé par des études d’art à l'université de Paris VIII, et puis très vite je suis revenue à l’architecture qui me hantait depuis l’enfance avec les sculptures et leur rapport à l’espace et comme je voyais bien qu’un jour je reviendrai au Maroc, je trouvais qu’il fallait apporter des dimensions anthropologiques et sociologiques à mon parcours et je me suis par conséquent orientée vers l’EHESS (1) boulevard Raspail où j’ai effectué une thèse de doctorat (2) au sein du Laboratoire d’Anthropologie sociale (3). 

Même si je possédais des grilles d’analyse structurantes sur la société marocaine, je ne me sentais pas armée pour revenir au Maroc ex nihilo. J’ai donc réalisé cette thèse de doctorat sur les greniers collectifs (4) pour encore mieux comprendre la situation et j’ai ainsi pu arpenter pendant six années, toutes les vallées, vallées par vallée, en allant de site en site et en réalisant un inventaire. J’ai également rencontré des gens sur place, qui m’ont expliqué le fonctionnement de ces lieux et à ma grande surprise, je me suis rendu compte que ces greniers étaient toujours en fonctionnement. J’ai été au contact de certaines valeurs très fortes qui m’ont imprégné, des personnes également souffrant énormément et affrontant les difficultés et les aléas de l’existence sans plainte. Ces années de recherche ont été formatrices et ont été une école de la vie. J’alternais entre des périodes de recherche sur le  terrain et chez l’habitant et des retours dans la capitale à Rabat d’où je suis originaire. Cette alternance de voyages a donné une coloration sociale à ma recherche, très orientée vers les autres, les plus démunis et en même temps, j’ai pris vraiment le temps de comprendre ce qu’on appelle “l’arrière-pays”, ce mot fourre-tout qui ne veut rien dire, mais qui emmagasine en lui la richesse inouïe d’un monde rural complexe, et qui possède selon moi la mémoire d’énormément de façons de construire et de vivre passées. 


Je réfléchi souvent à ce choix dans ma pratique de l’architecture, pourquoi je me suis engagée en tant qu’architecte auprès de communautés et pourquoi le travail sur la commande privée auprès de particuliers ne m’intéresse pas outre-mesure. Je pense qu'il y a une conscience de la fragilité de ces milieux et que cette conscience de la perte de cette grande richesse m’oblige à passer à l’action. 

 

Dans ce pays, j’ai été au contact de sociétés vivantes, intéressantes et précieuses mais extrêmement fragiles. J’ai grandi au Maroc, ma mère est française et mon père marocain, j’ai toujours vécu entre deux pays, mais lorsque je me projetais dans l’avenir, je pensais au Maroc et aux possibilités de réaliser quelque chose ici. J’avais déjà cette conscience de l’immense richesse de ce patrimoine et de sa fragilité. En France, il y a déjà cette prise de conscience, beaucoup de choses existent certes, mais la société française est extrêmement normée et le cadre de travail restreint. Au Maroc, les choses sont différentes, on a beaucoup plus de libertés pour construire et pour agir, je ne dis pas que c’est plus facile parce qu’en réalité c’est très compliqué, mais à l’époque il me semblait possible d’intervenir ici. 

1.  EHESS: École des Hautes études en Sciences Sociale

3. Fondé en 1960 par Claude Lévi-Strauss, alors professeur titulaire de la chaire d’Anthropologie Sociale du Collège de France, le Laboratoire d'anthropologie sociale a toujours eu une vocation généraliste et tous les grands thèmes de l’ethnologie et de l’anthropologie sociale y sont traités. Les recherches qui y sont menées concernent la plupart des régions du globe, notamment l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie Centrale, l’Amérique du Sud et du Nord, l’Australie, l’Océanie et l’Inde.

4. ​Un agadir est, dans la région de Souss au Maroc, un grenier collectif fortifié ou grenier-citadelle. Ce terme berbère a donné son nom à la ville d'Agadir au Maroc.

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Qu’évoque “la construction en terre” pour toi ?

​Au Maroc, dans la région de Drâa-tafilalet (5) les femmes accouchent dans un plat en terre. La terre est partout, elle sert aussi à sanctifier une maison une fois qu’elle est construite. Tous les rites de cette région utilisent les éléments essentiels et la terre en fait partie. Pour moi la terre est quelque chose d’évident, je n’ai jamais voulu construire qu’en terre. Alors bien sûr parfois nous sommes contraints d’utiliser du ciment, parce que la réglementation nous l’impose, mais je n’ai jamais construit qu’en terre, ou bien en mixité avec des matériaux naturels comme la pierre et le bois. Le projet de restauration du souk de Tablaba (6), dans lequel nous nous trouvons actuellement représente majestueusement bien la mise en œuvre de l’hybridation des matériaux naturels. 

 

Le matériau terre est vraiment le “ventre premier”, c’est la matrice qui englobe le projet. Dans la maison de la maternité de Tissint, nous avions réalisé un cercle à l’entrée du projet pour symboliser cette matrice. Concernant les usages au quotidien, le matériau terre est incomparable de douceur et de qualité. Je rentre tout juste d’un voyage à l’étranger et lorsque je reviens chez moi, je suis frappée par cette douceur. Dans la maison de la maternité de Tissint (7), les femmes nous ont confirmé que travailler au sein de ce bâtiment n’avait rien à voir avec travailler au sein d’un dispensaire classique, dont les finitions sont au mieux en céramique industrielle. Au sein d’un bâtiment en terre, on se sent bien, comme dans une sorte de cocon. Le retour de ces femmes, qui vivent le bâtiment au quotidien, m'avait fait infiniment plaisir. Les gens ont conscience de la qualité supérieure des constructions en terre. Lorsqu’on a fait le Centre culturel de Aït Ouabelli dans la province de Tata (8) tout le monde est venu visiter et toucher. 

 

Je ne fais pas de différence entre, la naissance d’un bâtiment et les grands préceptes religieux. Nous naissons tous de la terre et on y retourne. Nous ne sommes que des êtres de passage, il faut penser cet universalisme avec force: memento mori (9). “Souviens toi, que tu vas mourir”. Construire en terre, c’est aussi penser avec force la fragilité de notre existence. 

Figure 1. Musée de Tiznit, août 2021

5. ​La région du Drâa - Tafilalet est une des douze nouvelles régions du Maroc instituées par le découpage de 2015.

6. Projet de restauration du Souk de Tablaba, 2021.

7. Maison de la maternité, Tissint, commune rurale, province de Tata, 2017.

8. Centre culturel de Aït Ouabelli, province de Tata, 2018.

9. « souviens-toi que tu vas mourir »

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Est-il pertinent de revenir à la construction en terre ? Aujourd’hui on sent qu’il y a une nouvelle génération de jeunes architectes qui se questionnent et on a l'impression que le secteur est très peu développé et qu’il y a peu d’acteurs qui considèrent ce type d’architecture, qu’en penses-tu ? 

 

Je construis en terre depuis 2002, j’ai obtenu mon autorisation à exercer en 2004. j’avais déjà par le passé expérimenter la construction en terre pour des expositions et également dans un cadre plus restreint, pour la maison familiale, mais lorsqu’il a s'agit de construire dans un contexte réglementaire plus stricte, donné par l’État, les processus sont devenus plus compliqués. 

 

Depuis 2014, le Maroc dispose d’un décret (10) qui autorise la construction en terre, ce texte de loi a joué un rôle qui nous a permis de sortir des avocaties. J’ai réalisé beaucoup d’expositions, rencontré des gens, le conseil économique et social et environnemental (11), l’académie du royaume (12) également qui avait organisé la COP22 (13) en s’inspirant de la belle formule de Gandhi: “Pour progresser, il ne faut pas répéter l’histoire, mais en produire une nouvelle. Il faut ajouter à l’héritage que nous ont laissé nos ancêtres.” 

 

Je n’ai jamais compris pourquoi on devrait au Maroc, s'empêcher d’utiliser un matériau millénaire. Pourquoi, dans un pays qui a vu naître plus ou moins le pisé et la construction en terre, on devrait se restreindre et ne pas utiliser ce matériau. Notre patrimoine à travers les Ksours (14), les Kasbahs, toutes les murailles des villes et tout le raffinement des maisons en pisé montre bien que la modernité n’est pas en opposition avec l’usage du matériau terre. Je me demande toujours pourquoi au nom de la modernité, on devrait s'empêcher d’utiliser un matériau aussi prodigieux, et pourquoi ce matériau est vécu comme archaïque et désuet.

Figure 2. Salima Naji; Tata, août 2021. Souk Province Tablaba

14. “Ksour” est le pluriel de “Ksar”

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En tant qu’architecte, il s’agit pour moi de chercher comment et par quel moyen proposer la terre dans les projets. En premier lieu, les gens pensent connaître mais souvent se confondent, avec l’atelier nous devons donc aller chercher les personnes “sachantes” dans les vallées subsahariennes, seulement le savoir est déjà trop souvent mélangé, hybridé, et reproduit des modèles abâtardis, nous devons donc revenir aux règles de l’art. En tant qu'architecte, il faut accompagner ce processus long et fastidieux, concrètement ce sont des journées de suivi sur le chantier et cela prend du temps. Cet accompagnement peut être complexe également avec des possibilités d’effondrement si la terre est mal choisie, si les essais sur les échantillons n’ont pas été effectués correctement. Le problème au Maroc, c’est que très souvent les Bureaux d'Études ne nous suivent pas, ils préfèrent éviter tout comme les Bureaux de Contrôle qui ne prennent pas le risque de valider les intentions…Construire en terre est un parcours du combattant. 

 

La construction en terre revient à la mode, d’une certaine façon, beaucoup d’acteurs en parlent, mais lorsque qu’on s’intéresse aux projets, il est assez rare que la construction soit en terre porteuse, souvent on retrouve un enduit à la terre, ou bien un mur dans une aile du bâtiment, mais il est très rare que le projet soit entièrement pensé et construit en terre. 

 

La législation freine également l’usage de la terre, c’est-à-dire qu’à aucun moment on ne pourrait construire en terre sans avoir les chaînages en ciment superfétatoires. Il est possible de faire sans, mais il faut absolument un Bureau d'Études qui accepte de faire avec d'autres techniques, comme le bois et une mise en œuvre vernaculaire, ce que nous essayons de réaliser actuellement sur le projet de restauration du village d’Agadir Ouzrou (15). Mais ce parcours nécessite beaucoup d’effort, avec de énormément de contraintes, dont particulièrement l’utilisation d’un bois autoclave (16), qui pour moi est un “bois mort”.

 

Nous utilisons le bois de palmier également, mais cela donne de nombreux soucis…Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est assez facile de faire un super projet sur plan, mais qu'ensuite dans la réalité de la fabrication de l’objet, il faudra tenir une rigueur, accompagner les constructeurs, suivre les décisions de chantier, cela est difficile et ne s’improvise pas. Il faut des notions constructives solides, d'abord pour guider puis pour former des personnes de qualité qui guideront la construction. Si vous travaillez avec des gens plus ou moins malhonnêtes, ce qui peut arriver parfois, qui vous présentent un bon échantillon de départ puis ensuite réalisent des dosages différents, s’il y a stabilisation ou pas des terres, si les terres sont mélangées, si le damage n’est pas homogène ou carrément pas fait dans les angles, si l’on ne s’assure pas de réaliser une horizontalité tous les dix centimètres…Alors la construction en pâtira. La rigueur doit se retrouver dans la durée et dans toute cette succession de manipulations.

Figure 3. Adobes en cours de séchage.

15. Projet de restauration du village d’Agadir Ouzrou, Salima Naji

16. Un bois autoclavé est le résultat d'un trempage du bois dans l'autoclave. L'autoclave est un grand tube sous pression où on y injecte un produit de préservation. Grâce à ce procédé on obtient une meilleure pénétration du produit dans le bois.

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On a ensuite les conditions d’un chantier où il est rare que les maçons respectent toutes les procédures. Très souvent, nous devons venir, accompagner, expliquer. Le problème, c’est que sur les chantiers le savoir se dilue, jusqu’à se perdre. Pour lutter contre ce problème, je fais appel à un démonstrateur au sein de ma société depuis 2008. Il travaille avec moi, il dispose d’une couverture sociale, et je l’envoie accompagner les chantiers, montrer aux ouvriers comment exécuter les gestes. Ainsi je suis certaine, que le travail est bien réalisé. Je viens pour le démarrage du chantier, je reste une semaine et je reviens m’assurer que tout va bien. Ce protocole de validation de la qualité du chantier, nécessite d’avoir au sein d’une société d'architecture d’une “micro structure” qui épaule et accompagne les ouvriers face à des Bureaux d'Études qui trop souvent ne connaissent pas ou mettent en place des recettes aberrantes. Il y a également une chose primordiale, dans un projet il faut savoir dessiner un plan, mais il faut aussi savoir rédiger un cahier des charges. Rédiger de façon précise afin que tous les paramètres soient présents mais laisser en même temps un peu de latitude pour permettre les ajustements sur le chantier. Trop souvent les gens pensent qu’il faut que le plan ne bouge pas et que cela est gage de qualité du projet, mais je ne crois pas en cela. Quoiqu’on dise, le plan n’est jamais identique à ce qu’on a dessiné durant l’esquisse. Pour moi d’ailleurs l’intérêt est dans les ajustements qui sont au cœur de notre métier donc lorsque je pense au BIM (17), ce protocole me fait doucement sourire. Ce logiciel d’ingénieurs, adapté à la construction des ponts ou d’une architecture du millimètre, n’est pas du tout adapté pour la construction en terre. Il faut plutôt une sensibilité et un caractère à défendre ce type de construction. Je pense qu’il faut plutôt transmettre des valeurs et une conviction très profonde qui permettra aux ouvriers et habitants de prendre conscience de l’intérêt qualitatif de la construction en terre. 

Le Mâalem (18) qui travaille ici sur le chantier du Souk de Tablaba, s’est formé à Figuig (19). Il a un amour profond de la terre et une maturité parce qu’il a réfléchi et il aime ce qu’il fait. Il y a plusieurs catégories de maître d'œuvre sur un chantier. Les bons Mâalmin, tout d’abord, qui sont généralement des hommes de conviction et qui attendent la rencontre avec l’architecte qui les amènera vers les bonnes pratiques et puis il y a les chefs de chantiers pistonnés, arrivistes qui ne veulent rien savoir et qui ne voient aucun intérêt à construire en terre. 

Dans la construction en terre, il y a également un paramètre à ne pas  négliger qui est celui de la corruption. En effet, quand vous construisez en terre, vous construisez au prix coûtant et il est impossible de jouer sur la qualité de l’acier, la quantité de ciment…Comme disait Hassan Fathy (20), la terre ne ment pas, lorsqu’elle est mal construite elle s’effondre. On n’est pas dans une économie de Kdoub (21), une économie du mensonge. On est dans quelque chose de vrai qui est difficile à improviser. Il faut le faire avec une certaine expérience, avec ses convictions naturellement et aussi l’assurance du bien fondé de notre pratique. 

 

Lorsqu’un Bureau d'Études vient me rétorquer que mes épaisseurs de murs sont trop épaisses, cela me fait sortir de mes gonds. J’invoque alors la thermicité. faire des murs plus fins, c’est forcément rajouter des isolants qui vont coûter chers. Le Maroc s’est doté d’un nouveau code de l’urbanisme avec l’appui de la GIZ (22) allemande, qui au passage est l’un des pays qui pollue le plus au monde, sans même considérer les matériaux locaux. Le logiciel Binayate (23) en charge du diagnostic de la performance énergétique n'inclut pas les matériaux traditionnels dans ses calculs, il est donc impossible de construire en matériaux locaux dans ces conditions…

 

La construction en terre inclut également une part d'expérimentation. A Tiznit dans ma maison j’ai exploré de nombreuses manières de concevoir pour gagner en compétences. par exemple sur les dosages, l'ajout d’albumine pour la stabilisation des enduits, c’est-à-dire de coquille d’œuf, l’emploi de la chaux liquide pour une meilleur mise en œuvre, l’utilisation de l’huile ou du savon noir également. Tous ces secrets de fabrication proviennent de l’expérience acquise de manière empirique et doivent être présents au sein du cahier des charges, parce que lorsque l’appel d’offre sera monté, cela fera jurisprudence. Avec l’agence on a maintenant une trentaine de projets ambitieux qui sont sortis de terre, c’est le cas de le dire, ces projets démontrent qu’il est possible de construire en terre et en matériaux locaux aujourd’hui.

Figure 4. Salima Naji en cours d'entretien , province de Tablaba. Souk.

17.  BIM: Building Information Modeling

18.  désigne un maître artisan

19. Figuig, est une ville située à l'extrême-est du Maroc, dans la région de l'Orienta, à quelque 368 km au sud d'Oujda et à environ 254 km au nord-est de Merzouga

20.  Hassan Fathy (Alexandrie, 1900 - Le Caire, 1989) est un architecte égyptien. Il est récipiendaire du premier prix Nobel alternatif en 1980, a promu une architecture de terre crue humaniste.

21.  “Kdoub” signifie “Mensonge”

22. GIZ: Agence allemande de coopération internationale

23.  Binayate est le premier logiciel de diagnostic de performance énergétique, et de contrôle de la conformité à la Réglementation Thermique dans le Bâtiment au Maroc.

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Il y a une perception négative des constructions en terre au Maroc aujourd’hui, avec l’idée qu’elles symbolisent le passé, la pauvreté et la précarité. Lorsque le consensus n’est pas total sur l’emploi de la terre au sein du projet, quels arguments utilises-tu ?

 

Je pense aussi que le béton armé s'est beaucoup développé parce qu’il répondait à une facilité et on a oublié les savoir-faire ancestraux au profit de la facilité de la répétition. Pour la terre, il faut une chaîne de reconnaissance du début à la fin, c’est-à-dire une bonne équipe soudée. J’ai besoin d’un interlocuteur qui soit compétent et qui ait également le goût de l’aventure. 

 

Je pense qu’avec la COVID et la crise climatique, les incendies qui arrivent et les difficultés économiques les gens commencent à comprendre, je ne dis pas qu’ils adhèrent, mais il commencent à comprendre l’intérêt de construire en terre. Je pense qu’il faut beaucoup de temps pour accepter le retour à la construction en terre, on est sur un glissement de génération. La génération actuelle se rend compte de la beauté des constructions en terre et de l‘importance de ce patrimoine, pour mes pairs, l’acceptation était beaucoup plus difficile et la terre renvoyait à une vision passéiste de la société. L’objectif est donc de convaincre au sein des agences d’architecture, des bureaux d’études et lors des consultations et le plus difficile évidemment reste de construire. Cela est rendu très difficile car peu de bureaux d’études au Maroc jouent le jeu. Je ne connais que trois bureaux qui ont la sensibilité sur une vingtaine d’entreprises avec qui je travaille dans ce pays. Cette chaîne de travail doit également bien fonctionner et souvent ce n’est pas le cas, lorsque les ingénieurs ne sont pas formés ou trop jeunes et ne veulent pas prendre de risque. De même, trop souvent les entrepreneurs prennent les plans des ingénieurs avant de regarder ceux de l’architecte et placent les poteaux en béton obligatoires aux mauvais endroits. Quand bien même on aura balisé le terrain, il va toujours se prendre une décision qui sera catastrophique et moi qui suit des projets entre 250 000 et 1 000 000 dirhams (24) il n'existe pas de marge d’erreur, on doit faire avec les moyens du bord. 

 

Au Maroc, on a des gens qui avec très peu de moyens dans des lieux reculés font de leur maximum et c’est avec ces personnes que je veux travailler. C’est pour cela que je m’amuse à dire que je suis une “architecte des marges” qui est allée là où personne ne veut aller dans des contextes où finalement il est parfois possible de soustraire aux solutions purement mercantiles.

Figure 5. Salima Naji; sur le toit de sa maison, Tiznit. Août 2021

24. de 25 000 à 100 000 euros

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Le tourisme est-il l’unique levier pour conserver le patrimoine “vivant” ? 

 

Lorsque j’ai commencé à effectuer mes recherches en 1993, tous les Kasbahs étaient en train de tomber en ruine. Je disposais de certains relevés comme la kasbahs d’Aït Ridi près de Ouerzazate, qui ont vécu un regain d’intérêt à partir des années 2000, grâce à la mode des Heritage Hotels, un peu sur le modèle de revalorisation des palais des maharajas en Inde. On a eu donc un engouement pour les Kasbahs qui a sauvé une partie du patrimoine mais seulement à moitié. Je pense à une figure intéressante qui est Brahim Ouerzazi qui avait la Kasbah Bahbah, qui est une des premières restauration touristique. Ce qui était intéressant c’est que monsieur Ouerzazi a refusé de restaurer avec du ciment, il n’a pas mis de chaînage et n’a pas voulu non plus rajouter de sanitaires et de douches dans les étages. Il préconisait une approche sociale du tourisme avec une vision intégrative loin du tourisme de masse. Je pense qu'aujourd'hui cette crise du COVID a asséché le tourisme, et a porté préjudice à ceux qui étaient les plus fragiles, cela doit nous faire réfléchir.

 

Nous sommes sur énormément de paramètres, moi je ne suis pas allé vers le tourisme mais vers la société pour convaincre de l’intérêt de l’architecture en terre. une fois les projets réalisés, les gens viennent visiter et comprennent qu’un jour de grande chaleur, il ne fait que 27 degrés celsius à l’intérieur du bâtiment contre 34 degrés celsius dans le bâtiment voisin en parpaing avec climatiseur allumé. 

 

Les gens comprennent rapidement mais pour passer à l’action, il faut un tâcheron qui accepte de faire les efforts pour construire en terre, c’est-à-dire aller moins vite, réapprendre des gestes et un savoir-faire, cela prend plus de temps. 

 

Ce qu’il faut savoir avec la construction en terre, c’est qu’on sort de la dichotomie gros œuvre (25), second œuvre (26). Avec la terre, on arrive directement dans le second oeuvre, il n’y a pas besoin d’enduits extérieurs….Au Maroc, on a perdu cette logique, le client veut habiller son édifice, choisir son plâtre, ses fioritures, ses zelliges et donc on va habiller une ossature primaire et perdre par là-même une logique “architectonique” que je défends et qui est économe en moyens et en ressources. Une architecture de terre structurelle n’aura pas besoin de second œuvre. Aujourd’hui, on fait deux budgets, un budget pour la structure et un budget exponentiel pour les finitions. Quand les gens se sont mis à reprendre et restaurer des Kasbahs dans la région de Tinghir, les ressortissants à l’étranger ont commencé à envoyer de l'argent aux familles, et les restaurations sur son orientées sur du tourisme de masse (auberges, hôtels…) en dénaturant complètement les vallées. Le problème principal est que les restaurations se sont faites en béton, et on a perdu complètement l’intérêt thermique des savoir-faire constructifs traditionnels. On a ainsi enlevé la valeur historique aux territoires et la pertinence thermique des constructions. 

Mon discours dépasse le débat sur le tourisme, ce que je veux dire, c’est que nous sommes dans un pays qui possède un art de la construction en terre, nous construisons en terre crue depuis des millénaires et en aucun cas il faudrait perdre ce savoir. 

 

A force de luttes et de combats, nous avons un premier décret sur la construction qui est passé en 2014. J’ai contribué à ce travail particulièrement sur les réflexions suites au tremblement de terre de Hoceima (27), ce dont nous nous sommes rendus compte c’est que ce qui est tombé après les secousses, ce n’est pas les constructions en pisée, mais toutes les constructions mal réalisées comme les angles mal harpés, ce qu’on nomme chkoul en arabe, globalement tout ce qui n’était pas suffisamment bien construit. 

 

Les anciens avaient des techniques particulières pour résister aux secousses et au temps, avec des systèmes de bois rattrapant les forces, on retrouve cela également dans les greniers sur lesquels j’ai travaillé. Ces derniers étaient souvent accrochés par leurs fondations directement sur le rocher et cela a permis à la structure de tenir des siècles et des siècles. 

 

Pour les kasbahs datant du règne de Moulay Ismaïl ben Chérif (28) (1672 - 1727) faites par les Abid al-Bukhari (29) et pour les autres petits nobliaux lui succédant, on retrouve des particularismes qui font évoluer le Ksar vers la typologie de la Kasbah, cette évolution n’a finalement que deux siècle et cela est peu connu, j’en ai parlé dans mon travail de thèse. Pour bien comprendre l’enjeu des territoires, il faut comprendre les questions de transmission et les lignages des familles pour savoir d’où venait la manne (30). Donc dans mes recherches, je distingue les territoires où il y avait les esclaves et les territoires où il n’y en avait pas. Cette question de la “manne”, qui représente la main d’œuvre liée à l’esclavage, est très importante pour comprendre le développement des territoires. Tout cela pour vous expliquer qu’il ne suffit pas de sauver les kasbahs à coups de millions de dirhams, mais il faut comprendre les spécificités de ces territoires. 

 

Il faut bien comprendre qu’on a la chance d’avoir un patrimoine unique, mais on ne doit pas juste s’occuper d’une coquille vide dont on refait les peintures, on doit réfléchir à comment il fonctionne et pour qui on le fait. Si l’on recherche un tourisme raisonné, il faut montrer aux gens qui viennent dans ces lieux, que leur argent aura un impact sur les populations, qu’il y a une école, que les femmes ont des activités, à ce prix seulement il y a aura un échange positif. 

 

Beaucoup de gens doivent comprendre au Maroc, qu’on ne peut plus promouvoir un tourisme de masse, que ce tourisme est dépassé et que les touristes sont devenus exigeants. Le tourisme de masse doit évoluer, il existera toujours des grands circuits certes, mais l'arrière-pays doit tabler sur le “care”, sur le social et les communautés, il doit essayer de fixer les jeunes et de limiter l’exode rural. Mais ceci est un projet de société qui nécessite une prise de conscience collective.

Figure 6. Ancienne Source Bleue, Tiznit.

25.  Le gros œuvre rassemble tout ce qui concourt à la solidité, à la stabilité de l'édifice : fondations, murs porteurs, poteaux, poutres, planchers entre les étages, etc.

26. Dans une construction, le gros œuvre se complète du second œuvre qui est constitué de tous les autres ouvrages qui s'appuient sur lui: isolation, cloisons, revêtements, cheminées, agencements...

27. Le tremblement de terre de Hoceima a eu lieu en 2004.

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28. Moulay Ismaïl ben Chérif (1672 - 1727)

29. Les Abid al-Bukhari sont une armée de Noirs formée par le sultan Moulay Ismaïl. Dotés d’une incroyable puissance sous le règne de ce dernier, ils allaient jouer un rôle prépondérant après celui-ci, installant et déposant des sultans, ou régnant même de fait à leur place.

30.  La manne (en hébreu מָן, man) est la nourriture des Hébreux dans le désert, d'après l'Ancien Testament, Livre de l'Exode.

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Peux-tu nous définir ce qu’est le “patrimoine vivant” selon toi ?

 

Quand arrive dans cette “modernité”, à l’aube du protectorat français au Maroc (31), le maréchal Lyautey (32) qui arrivé d’Algérie française et qui a vu le traumatisme des populations indigènes décide de construire des villes européennes à l’écart. On a donc un développement à deux vitesses qui se met en place, on laisse les indigènes dans les vieilles médinas du centre et on construit en périphérie des villes européennes avec tout le confort moderne, c’est-à-dire l’eau et l’électricité. L'ethnologue et berbérologue. Robert Montagne (33) (1893 - 1854) évoque dans ces recherches cette dichotomie entre les montagnes de l’âge de bronze et les villes marocaines du moyen-âge. A cette époque on pose dans les recherches une analyse différenciée par “stade humain”, avec l'Européen situé tout en haut de l’échelle sociale et l’indigène situé tout en bas à l’âge du bronze.

 

L’idée coloniale de mettre en tourisme tout un tas de parcs naturels est intervenue dans des régions qui étaient toujours en cours de pacification. En effet, jusqu’en 1938, certaines régions du Maroc n'étaient pas encore prises par l’armée française. Par exemple pour les zones autour de Ouarzazate, qui n’a été prise officiellement qu’en 1920 (pour rappel les premières cartes géographiques du Haut Atlas n’ont été réalisées qu’à partir de 1912 (34) par le club Alpin) toute la cartographie a été effectuée par les hommes du protectorat de façon extrêmement intéressante avec les prémisses du grand Ouarzazate d'aujourd'hui et la route des milles kasbahs. 

 

Toutes les régions aujourd’hui qui ne sont pas entièrement défigurées étaient à l’époque non pacifiées et donc en difficultés. La “mise en tourisme” qui est intervenue lors du protectorat français a créé idéologiquement une dichotomie avec d’un côté la modernité des grands ports et des villes européennes et de l’autre une vision plus pittoresque et archaïque des vallées montagneuses rurales. C’est un clivage auquel je ne peux pas adhérer et dont il faut se séparer aujourd’hui, nous devons reconsidérer ce paradigme.

Figure 7. Salima Naji, musée de Tiznit.

31. 1912 - 1955

32. Hubert Lyautey, né en 1854 à Nancy et mort en 1934 à Thorey, est un militaire français, officier pendant les guerres coloniales, premier résident général du protectorat français au Maroc en 1912.

33. Ethnologue et berbérologue. - Professeur au Collège de France. - Fondateur et directeur du Centre des hautes études d'administration musulmane

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34. État de l'occupation du Maroc en 1913. La bande grisée indique la limite extrême, à l'Est et à l'Ouest, de l'action militaire française jusqu'à ce jour. Entre les deux bandes, les régions du Moyen Atlas du Grand Atlas et du Petit Atlas sont encore insoumises. Au Nord s'étend la zone espagnole.

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Aujourd’hui la question est donc de savoir quelles sont les sociétés non pas qui méritent d’être mise en tourisme pour rapporter des devises, mais quelles sont nos sociétés autonomes qui possèdent une agriculture locale, qui défendent des façons de vivre et qui entretiennent des “communs” (35), comme l’eau et les terrains de parcours pour le bétail, les savoir-faire des femmes, le tissage des tapis. L’idée n’est pas de profiter de cette manne afin de dégager des devises, mais plutôt de réfléchir à la dignité humaine pour améliorer la condition de vie de ces habitants, par exemple l'accouchement dans certaines régions reculées est un vrai problème actuellement, dans la région de Zaouïat Ahansal (36) où il y a Aït Bouguemez, les routes d’accès sont coupées par la neige l’hiver. Les femmes souffrent beaucoup, il y a des problèmes de natalité, les enfants ont des difficultés épouvantables également, et beaucoup de femmes qui meurent en couche. Ces problèmes nous montrent qu’il faut réfléchir à l’amélioration du sort de ces gens par de petits programmes de développement localisés qui apporteront de la dignité à ces populations. 

 

Aujourd’hui on a une volonté de mettre en tourisme un maximum de lieux et n’importe comment, sans réflexion globale. Il faudrait plutôt penser à des approches sociales, régionales et locales qui sont plus longues à mettre en place. La grande difficulté pour le patrimoine aujourd’hui, c’est de détruire au nom de la restauration, et ce processus est pour moi source d’une grande inquiétude. Au nom de grands programmes de financement on viendra décaisser les belles choses. Je ne pense pas que le patrimoine vivant peut se restaurer avec des entreprises du BTP classiques. Il ne faut pas détruire les formes architecturales classiques, conserver leur écrin, et comprendre les façons de vivre et les pratiques. Ma grande angoisse aujourd’hui, c’est qu’on restaure avec du ciment et qu’on recouvre le tout après. On appelle un drone, on scanne tout notre patrimoine et on recouvre tout pour reconstruire au-dessus. On est dans un vision virtuelle et cela est un grand danger, il faut former les gens à bien voir.  

 

​​Concernant la conditions des architectes au Maroc, quels sont les principaux freins qui peuvent exister dans l’exercice de l’architecture ? 

Je pense que c’est un métier difficile en soi. Être architecte c'est être polyvalent, maîtriser beaucoup de choses, être dans la projection et en même temps dans le présent, anticiper, connaître un champ d'expertise vaste et donc c’est un métier, on le dit où “un jeune architecte” à cinquante ans. Il faut beaucoup d’effort et de ténacité, il faut accepter beaucoup de brimades, il faut aimer beaucoup son pays, très fort pour accepter d’être mal traitée et il faut en même temps garder une foi dans les choses sans être complètement naïf, pour ne pas tomber dans des pièges où l’on sera dans la succession des renoncements. Donc accepter, la misogynie, accepter que les gens ne comprennent pas tout de suite. C’est un métier que les gens comprennent à la fin du processus. On fait énormément d’efforts pendant la conception du projet puis on réalise brutalement un passage à “l’échelle un” qui est un test difficile, une vraie naissance. Je pense qu’il ne faut pas perdre l’idée de la sacralité de ce métier, qu'il y a quelque chose de très fort à faire non pas dans une course effrénée à l’argent et au succès mais toujours dans le sens de la société. 

 

Il faut conserver l’idée que nous allons améliorer le sort des gens. Ce sont des satisfactions qui se partagent aussi sur le chantier, il faut accepter qu’il est difficile d’être sur plusieurs échelles de temps: échelle du projet, échelle du bâtiment, échelle de la ville. Et puis il y a des projets qui se font comme cela et des projets comme le Souk de Tablaba où il faut un temps infini, pour d’autres raisons. C’est un métier basé sur l’échange mais parfois l’échange est difficile et quand c’est une femme qui a raison cela énerve. 

 

Mais il existe des gens bienveillants aussi qui vont aider à ce qu’un projet se fasse tel qu’il doit se faire, pas à toute vitesse et n’importe comment, et je pense que si un étudiant est bien formé, dans les bonnes écoles d’architecture à la fois à la maîtrise du métier, nous mais également à la pratique notamment avec les cours de maîtres d’œuvre de haute qualité, comme Hervé Filippetti (37) avec la collection "au pied du mur" (38). Par exemple aujourd’hui je travaille sur de magnifiques projets en pisée et si je n’avais pas lu Auguste Choisy (39), j’aurais été incapable de transmettre comment c’est articulé au niveau de l‘architectonique, si je n’avais pas lu Hassan Fathy (40), je ne pourrais pas comprendre l’influence sur la société, si je n’avais pas lu Pierre Bourdieu (41) je ne pourrais pas comprendre cette distinction sociale qui fait qu’aujourd’hui les gens se tournent vers le ciment…

 

Je pense néanmoins que bientôt les gens se tourneront vers les techniques vernaculaires parce qu’elles vont avoir leur prix aussi, à condition de ne pas en faire une sorte d'ersatz. Donc ce qui est important c’est aussi de bien faire, même si on fait peu.

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Ouvrages de référence

  • Auguste Choisy, Histoire de l’architecture, 1899.

  • Robert Montagne, Les Berbères et le Makhzen dans le sud du Maroc, Paris, 1930.

  • Henri Terrasse, Kasbas berbères de l’Atlas et des oasis (Les grandes architectures du Sud marocain), réédition, préfacée par Salima Naji, Actes Sud-CJB, 2010 (Édition originale © Horizons de France, Paris, 1938).

  • Hervé Fillipetti, Maisons paysannes de l'ancienne France, 1979.

  • Pierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, 1979.

  • Hassan Fathy, Construire avec le peuple : Histoire d'un village d’Égypte : Gourna, 1969.

 

Travaux de Salima Naji

  • Salima Naji, Art et architectures berbères (Atlas et vallées présahariennes), Eddif & Edisud, Casablanca et Aix-en-Provence, 2001 (2ᵉ éd. : 2009).

  • Salima Naji, Portes du Sud Marocain (Métal et talismans), Edisud, La Croisée des Chemins, Aix-en-Provence, Casablanca, 2003.

  • Salima Naji, Greniers collectifs de l’Atlas (Patrimoines berbères), Edisud, La Croisée des Chemins, Aix-en-Provence, Casablanca, 2006.

  • Salima Naji, Fils de saints contre fils d'esclaves : Les pèlerinages de la Zawya d’Imi n’Tatelt (Anti-Atlas et Présahara, Maroc), OpenEdition Centre Jacques-Berque, 2011. Disponible en ligne. ISBN : 9791092046151. DOI : https://doi.org/10.4000/books.cjb.81.

  • Salima Naji, Le Ksar d’Assa : Sauvegarde d’un port du Maroc saharien, DTG Rabat, 2013.

  • Salima Naji, Tiznit, Ain Aqdim, la Source à l'origine de la ville, Livre trilingue (arabe, français, tachelhit), DTG, Rabat, 2016.

  • Salima Naji, Architectures du bien commun. Pour une éthique de la préservation, Genève : Metis Presses, 2019.

Figure 8. ​État actuel de l'occupation du Maroc - Mais 1913. La bande grisée indique la limite extrême, à l'Est et à l'Ouest, de notre action militaire jusqu'à ce jour. Entre les deux bandes, les régions du Moyen Atlas du Grand Atlas et du Petit Atlas sont encore insoumises. Au Nord s'étend la zone espagnole.

35. Les communs désignent des formes d'usage et de gestion collective d'une ressource ou d'une chose par une communauté. Cette notion permet de sortir de l'alternative binaire entre privé et public en s'intéressant davantage à l'égal accès et au régime de partage et décision plutôt qu'à la propriété. Les domaines dans lesquels les communs peuvent trouver des applications comprennent l'accès aux ressources mais aussi au logement et à la connaissance.

36. Zaouiat Ahansal est une petite ville et commune rurale de la province d'Azilal de la région de Tadla-Azilal au Maroc. Au moment du recensement de 2004, la commune avait une population totale de 10435 personnes vivant dans 1554 ménages 

37.  Hervé Fillipetti, spécialiste du bâti traditionnel, ancien professeur à l’École nationale d’architecture de Paris-La Villette, est directeur et auteur de très nombreux ouvrages sur l’analyse et la restauration des maisons traditionnelles. Maisons paysannes de l'ancienne France (1979).

​​39.  Auguste Choisy né le 7 février 1841 à Vitry-le-François et mort le 18 septembre 1909 à Paris est un historien de l'architecture. 

40.  Hassan Fathy, Construire avec le peuple : Histoire d'un village d’Égypte : Gourna, Sète, Actes Sud/Bibliothèque arabe, 4 juin 1999, 5e éd., 213 p. (ISBN 978-2-7427-0807-9)

41. Pierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Les Éditions de Minuit, 1979, 670 p. (ISBN 2707302759)

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