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Jean-Marc Bernard
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Responsable du Secteur Sauvegardé Arles

Arlésien de naissance, Jean-Marc Bernard a traduit pendant des années son attachement à la pierre de sa ville par l'exercice de son métier de maçon. Sa connaissance exceptionnelle de la cité arlésienne le conduit à devenir responsable du secteur sauvegardé de la ville d'Arles. Nous l'avons rencontré pendant la résidence d'architecture Acclimatation.s et questionner sur son rapport si particulier au patrimoine de sa ville.

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Peux-tu te présenter ?

 

Jean-Marc Bernard, responsable des travaux dans les secteurs sauvegardés de la ville d'Arles (1). Je suis en charge du respect du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) (2), élaboré pour le secteur sauvegardé d'Arles, qui englobe l'ancien intramuros ainsi que quelques extensions du XIXᵉ siècle, sur une surface totale de 92 hectares.

Pourquoi l'îlot de chaleur est-il un enjeu aujourd’hui au sein du secteur sauvegardé à Arles ?

La question de la tradition du bâti et de tout ce qui l'accompagne m'a toujours profondément intéressé, voire obsédé. Il en découle naturellement une réflexion sur la question climatique, intrinsèquement liée à l'édification des villes et des maisons, qui a toujours été une de mes préoccupations majeures. J'ai cherché à comprendre les parades originelles face à la chaleur et à saisir pourquoi certaines pratiques ont été adoptées.

 

Cette réflexion englobe non seulement le patrimoine bâti traditionnel, mais aussi son pendant vivant, le patrimoine végétal, et plus largement la manière d’habiter la ville ainsi que l'art de vivre à Arles. Mon approche est holistique : il est essentiel d’adopter une vision globale pour comprendre et mettre en œuvre sereinement ce plan de sauvegarde et de mise en valeur. À mes yeux, ce plan va bien au-delà de la simple observation du caractère monumental de la ville ancienne.

Comment aborder aujourd'hui la sauvegarde du patrimoine tout en accompagnant, de manière juste et dans le respect des traditions, l'adaptation de la ville patrimoniale aux changements climatiques ?

Dans ma pratique, la volonté de reproduire fidèlement ce qui a été construit par le passé est souvent un peu altérée. Malheureusement, nous oublions aujourd'hui de nombreux éléments lorsque nous modifions les bâtiments ou les usages de nos rues.

Mon objectif est de prolonger ces solutions, que je qualifierais de "traditionnelles", dont nous connaissons à la fois les avantages et les inconvénients, et qui s’adaptent presque naturellement à un secteur sauvegardé. Ces parades traditionnelles ont un atout majeur : nous maîtrisons leurs faiblesses, contrairement à certaines techniques modernes introduites dans les villes patrimoniales, comme la climatisation. Bien que la climatisation ait apporté une certaine fraîcheur à l'intérieur des bâtiments, après quelques décennies d'utilisation, nous constatons qu'elle génère une grande quantité de chaleur rejetée dans l’espace public et entraîne des dépenses énergétiques considérables.

À l'inverse, l'utilisation d'un simple mail d'arbres (3) permet de créer de l'ombre pour les passants. Nous savons précisément comment les arbres vont se comporter, en connaissons les avantages et les inconvénients, et maîtrisons l’entretien de ces espaces végétalisés : quelles essences choisir, quel port (4) adopter, etc.

Il est essentiel de prendre tout cela en compte. Ces dispositifs nécessitent une fine observation pour pouvoir être réintégrés de manière efficace. Grâce à cette observation, nous sommes en mesure de réinterpréter ce qui a toujours existé, car, finalement, les préoccupations restent les mêmes : rester au frais en été et au chaud en hiver. Ces questions ne sont pas nouvelles.

De plus, cet esprit de bon sens va de pair avec une approche économique des moyens, qui a toujours été au cœur de l'édification des villes traditionnelles. Marcher sur ces brisés (5) est une démarche profondément vertueuse.

1. Les secteurs sauvegardés sont d'anciens outils de protection de secteurs présentant un intérêt patrimonial (architectural, urbain et paysager), issus de la loi dite “Malraux” du 4 août 1962 sur les secteurs sauvegardés. Ils ont depuis été transformés en sites patrimoniaux remarquables (SPR).

​2. Le PSMV est un document de planification prévu pour assurer la sauvegarde et la mise en valeur des sites patrimoniaux remarquables (et, avant eux, des secteurs sauvegardés).

3. Un mail est une large voie plantée d'arbres souvent réservée aux piétons. 

4. Ce qu'on appelle le port de l'arbre est en fait la forme qu'un arbre prend naturellement. Les différentes formes d'arbres s'expliquent par la génétique des arbres. 

5. Branches d'arbres que l'on brise pour marquer la voie de l'animal rembuché.

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Quelles ont été les stratégies, de la pré-romanité jusqu’à aujourd’hui, qui ont été adoptées à Arles pour créer des situations de confort ?

Lorsqu’on évoque le petit patrimoine vernaculaire, ce patrimoine 'ordinaire', il est souvent difficile de l'appréhender. En comparaison, les grands monuments historiques sont plus simples à étudier, car ils sont mieux conservés et leur préservation est bien documentée. Cependant, ces monuments sont des géants face à l'ensemble du tissu urbain constitué par le bâti populaire, qui forme le véritable substrat de la ville.

Le patrimoine ordinaire est plus complexe à observer, notamment en raison des “masses” manquantes. De plus, il existe très peu de manuels permettant de comprendre ces pratiques traditionnelles.

Les acteurs de ce bâti traditionnel faisaient preuve d'une grande humilité, à tel point que leurs techniques n'étaient pas particulièrement mises en lumière. Par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, lors de la reconstruction du centre-ville, ce sont les vieux maçons traditionnels qui utilisaient leurs savoir-faire ancestraux. Pendant ce temps, les maçons modernes construisaient en béton dans les banlieues, comme à Trinquetaille (6), de l'autre côté du Rhône.

Les anciens maçons de la région savaient comment fonctionnait une cave traditionnelle arlésienne, capable de maintenir la fraîcheur et d'empêcher l’humidité de remontée grâce à des sols poreux. Ils étaient capables d’exonder (7) une maison pour éviter les remontées capillaires. Leur savoir-faire était vernaculaire ; ils ne connaissaient peut-être pas toujours la raison exacte des techniques employées, mais ils savaient comment les appliquer.

 

Dans ma pratique, j’ai cherché à comprendre pourquoi ces méthodes étaient employées. Malheureusement, bien souvent, les artisans de ces pratiques traditionnelles ont disparu sans avoir transmis leur savoir. De plus, il existe peu d’ouvrages témoignant de ces techniques aujourd’hui oubliées.

Figure 1. Emprise du secteur sauvegardé d’Arles © Acclimatation.s

6. Pierre Vago Architecte

7. Exonder signifie rendre quelque chose émergeant, le faire sortir de l'eau.

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Figure 2. Coupe sur bâtiment arlésien quartier de l'hauture. © Atelier Géminé - Antoine Basile

J'ai dû remonter la trace de ce que j'appelle "la masse manquante", cette matière qui existait autrefois et qui semblait évidente, mais dont la compréhension a nécessité un véritable travail de recherche pour retrouver les solutions d’origine. Par exemple, récemment, j’ai découvert des crochets en fer au deuxième étage de certaines maisons, en encorbellement sur la façade, apparemment destinés à soutenir un élément en bois. Après une longue enquête, j’ai enfin percé ce mystère : il s’agissait en réalité de grands rideaux en sparte (8), que l’on déployait à 80 cm des façades pour permettre la manipulation des volets à double lame croisée et des contrevents (9).

Je n’ai jamais trouvé de photo ou de peinture représentant ce dispositif, c’est vraiment grâce à un jeu de piste et au bouche à oreille que j’ai pu en déduire son existence.

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Cette déduction peut être extrêmement complexe lorsqu’on tente de comprendre l’urbanisme et la disposition ancestrale de la ville intra-muros. Parfois, des quartiers entiers ont disparu. J'ai suivi les transformations du XVIIᵉ siècle, avec les jardins d’été et d’hiver, les potagers, les vergers, et même des vignes à certains endroits. Peu à peu, cet espace intra-muros s’est effacé au profit des lotissements qui ont progressivement urbanisé l’ensemble de la ville à partir du XVIIᵉ siècle.

Cependant, cette déduction n’est possible que lorsqu’on parvient à saisir la "masse manquante", comme par exemple un constructeur qui achète un jardin pour le lotir.

Les recueils techniques sur l’arpentage de Bertran Boysset (10) sont très éclairants à ce sujet. À travers ses textes, on découvre que certains jardins étaient plantés d’ormes ou de vignes. Malheureusement, ces écrits sont rares, car à l’époque, les gens ne documentaient pas leur quotidien.

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Comment le service patrimoine accompagne la ville patrimoniale dans sa transformation et son rafraîchissement ?

Dans le cadre du plan de sauvegarde et de mise en valeur, nous cherchons à rendre les espaces publics plus agréables en limitant certaines voies à la circulation automobile. L’objectif est de permettre une exploration du centre-ville sans avoir besoin d'une voiture.

Dans cette démarche, le patrimoine végétal constitue un véritable atout. Dans le secteur sauvegardé, nous avons à la fois des alignements d'arbres, des arbres isolés qu'il faut préserver, ainsi que d'autres végétaux à implanter.

Pour lutter contre la chaleur, nous voulons aller plus loin en identifiant des zones où planter, en complément des arbres, des pergolas végétalisées qui offriraient de l’ombre dans l’espace public. Nous devons également envisager des solutions pour végétaliser certaines façades, parfois un peu austères, notamment dans les quartiers reconstruits dans les années 1950, à proximité de la gare.

Quel est l’intérêt pour la ville d’Arles de porter cette résidence d’architecture ?

 

Je pense que la résidence @Acclimatation.s a une mission d'intérêt public : offrir à la mairie un regard extérieur sur son patrimoine. Cette résidence doit matérialiser une intention claire, capable d'informer tous les services municipaux ainsi que les habitants, et de débloquer des situations.

Selon moi, elle a également pour vocation d'identifier et de sensibiliser aux solutions traditionnelles en vue de constituer un véritable thésaurus (11) de pratiques permettant de rendre la ville ancienne plus agréable. La difficulté réside dans la mise en place de solutions éprouvées qui s’harmonisent avec les pratiques architecturales traditionnelles.

 

Par exemple, la largeur des rues joue un rôle clé en réduisant l’apport solaire et en conservant la fraîcheur durant la journée. On pourrait imaginer des dispositifs tels que des sols respirants qui, grâce à des phénomènes exothermiques, rafraîchissent les rues. Plus le soleil tape, plus l’évaporation rafraîchit l’espace, ce qui crée un effet paradoxal : plus il fait chaud, moins on ressent la chaleur. Malheureusement, aujourd'hui, les sols ont été altérés par diverses interventions, notamment l’usage du goudron, qui agit comme un herbicide et élimine l'entretien naturel.

Il n’y a donc plus d'herbe dans les rues, les sols sont imperméabilisés, et les eaux pluviales s'écoulent rapidement sans pénétrer le sol.

Une autre solution réside dans les avancées de toitures à chevrons débordants. Nous essayons de recréer ces avant-toits très prononcés, comme autrefois. Ils pouvaient atteindre près d’un mètre (0,92 m), soit "trois pans et demi" (12), selon les anciennes unités de mesure françaises sous l’Ancien Régime.

8. (Botanique) Plante de la famille des Poacées (ou Graminées), dont on fait des nattes, des cordages, etc. 

9. Volet provençal : contrevent équipé d'un double tablier opposant du côté extérieur des lames verticales et à l'intérieur des lames horizontales.

Figue 3. Dispositif vernaculaire en façade de rafraîchissement par toile de sparte.

10.  Bertrand Boysset est un auteur provençal né entre 1350 et 1358 à Arles et décédé entre février 1415 et le 26 mars 1416. On lui doit une chronique médiévale et un traité d'arpentage. Né à Arles au milieu du XIVe siècle, il exerce d'abord une activité de patron-pêcheur sans que l'on sache quelle formation il suit pour devenir arpenteur-borneur ni à quelle date il change d'activité. Son premier travail d'arpenteur est daté de 1403-1404, il concerne l'arpentage d'une propriété privée en Camargue à Notre Dame d'Amour. Son activité littéraire consiste à copier et traduire des œuvres provençales mais aussi à composer des recueils techniques sur l'arpentage (la siensa de destra) et le bornage (la siensa d'atermenar). 

Bertrand Boysset - Ms 327 fol28r Surveying and demarcation of land from Traite - (MeisterD

Figure 4. Arpentage selon Bertran Boysset

Figure 5. Volet provençal à double lame croisée

11. Un thésaurus, thésaurus de descripteurs ou thésaurus documentaire est une liste organisée de termes contrôlés et normalisés (descripteurs et non descripteurs) représentant les concepts d'un domaine de la connaissance. 

12. Les anciennes unités de mesure françaises ont été nombreuses et variées. Sous l'Ancien Régime, plusieurs tentatives ont existé afin d'uniformiser les mesures. Il faut attendre la création du système métrique lors de la Révolution pour qu'un système uniforme remplace les mesures anciennes mais il faut attendre près d'un demi-siècle de plus pour qu'il s'impose réellement.

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En réintroduisant ces avancées de toit, nous avons constaté qu’au-delà de l’esthétique et du charme du XVIIe siècle, elles offrent des avantages pratiques. Premièrement, elles éloignent l’écoulement des eaux de pluie de la façade, évitant ainsi le ruissellement sur les murs. Deuxièmement, elles permettent d’ombrager la façade durant les heures les plus chaudes de l’été, lorsque le soleil est à son zénith. Après des siècles de modifications, ces avancées de toiture avaient perdu leur capacité à fournir de l’ombre, et nous avions complètement oublié l’importance de cette fonctionnalité.

Figure 6. Arles à vol d'oiseau, dessin du fonds de la BNF, Monvader, dessinateur

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Figure 7. Avancée de toiture à  chevron débordant

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Figure 8. Alphonse Allais (1854 - 1905)

D'un point de vue patrimonial, la forme de la ville ancienne est-elle figée ?

 

Le réseau viaire actuel date en grande partie du XIIIe siècle et est plutôt bien conçu, car au fil des 700 dernières années, des modifications ont permis d'apporter les évolutions nécessaires. Le véritable problème provient souvent des rues issues de la reconstruction, qui ont été dessinées de manière un peu artificielle, comme sur une table à dessin, à l'aide d'une équerre et d'un té. Durant cette période de reconstruction, le vernaculaire et l'intégration au site n'ont pas été pris en compte, notamment l'influence du vent de l'Aure sur l'orientation des rues. Autrefois, la ville s'adaptait à ce genre d'éléments.

 

C'est un peu comme si, venant d'un pays de montagne, vous rapportiez chez vous un galet pour en faire un presse-papiers. Un galet est à la fois l'objet le plus banal de la Terre et quelque chose de parfaitement poli. Chaque aspérité a été gommée, le rendant ainsi un objet parfait. De la même manière, la ville ancienne est le résultat d'une lente sélection naturelle, fruit de centaines d'années d'évolutions vertueuses.

Modifier l’urbanisme de la ville ancienne est donc un sujet complexe. D'une part, lorsqu'il s'agit de préserver le bâti ancien, nous tâchons de ne pas trop le modifier, car, hélas, nous ne savons plus le reproduire avec la même qualité. Bien que nous parvenions tant bien que mal à entretenir le bâti ancien, il est essentiel de garder à l'esprit qu'il s'agit d'une matière non renouvelable.

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Figure 9. Climatiseurs, dans le quartier de Trinquetaille. Patrimoine XX. Pierre Vago. Atelier Géminé.

Quelles stratégies de sensibilisation vis-à-vis du public mettez-vous en place, pour informer sur la préservation des techniques traditionnelles de confort ?

 

Il reste encore beaucoup à inventer, et je compte d’ailleurs sur les résultats de cette résidence pour trouver des solutions. Il faut reconnaître que la composition sociologique de la population du centre-ville a considérablement évolué. Aujourd’hui, ceux qui vivent dans le centre ancien le font par choix et souhaitent y habiter confortablement.

Je suis Arlésien de naissance et j’ai été témoin de cette transformation sociologique. Dans ma jeunesse, on s’installait dans le centre ancien par nécessité, faute de moyens pour vivre ailleurs. Par la suite, le rêve de la villa s'est déplacé vers le Mas, d'abord dans des fermes excentrées, puis la notabilité a finalement afflué à nouveau vers le centre-ville.

Aujourd’hui, nous avons la chance de travailler avec des habitants qui ont choisi de rejoindre le centre-ville, et non par obligation. Les résidents du secteur sauvegardé d’Arles sont donc logiquement plus réceptifs aux initiatives municipales, et cette sensibilité est un atout précieux.

Cela nous amène à une question légitime : pourquoi se limiter au centre-ville ?

Je pense en particulier au quartier de Barriol, au sud-ouest de la ville, qui est une zone à urbaniser en priorité (ZUP) (13). Bien qu’elle soit aujourd’hui souvent dévalorisée, elle a jadis connu une grande popularité. On peut s’interroger sur la manière dont cette ZUP a été conçue. À l’époque de sa création, l’esprit du temps s’inspirait de la pensée d’Alphonse Allais (14) : “les villes devraient être construites à la campagne, l'air y est tellement plus pur.” On avait tenté de créer un lieu harmonieux, respectant les alignements d’arbres et l’interface entre la nature et l’humain. Malheureusement, l’urbanisme originel a été totalement perverti. Les grandes haies ont été abattues, et nous avons perdu cette vision généreuse des architectes qui souhaitaient offrir des espaces aérés et bucoliques.

 

Quelle serait selon toi la bonne technique issue du vernaculaire la plus efficace à généraliser et considérer pour la ville d’Arles  ? 

Je m’efforce à coucher sur le papier ces solutions vernaculaires, mais il est évident que cela ne suffira pas à tout résoudre. Il sera nécessaire de procéder à une synthèse et à un état de l’art.

À Arles, le volet à double lame croisée est un système particulièrement efficace et durable. Ces volets, éternellement réparables, offrent des avantages thermiques tant en été qu’en hiver. Si chacun adopte ce choix à une échelle microscopique, le confort de la ville d’Arles en sera considérablement amélioré.

Je pense également aux combles perdus dans l’habitat traditionnel, qui jouent un rôle thermique essentiel. Il est crucial de sensibiliser les habitants aux bonnes pratiques d’une maison méditerranéenne, car ces réflexes tendent à se perdre. Par exemple, il est recommandé d’ouvrir les fenêtres très tôt le matin pour renouveler l’air et de les refermer assez tôt afin de conserver l’air frais. Cependant, le tourisme et l’usage des maisons ont souvent conduit à l’oubli de ces habitudes. Les gens ouvrent leurs fenêtres en permanence, laissant entrer un air à plus de 35 degrés, ce qui dégrade inévitablement le confort thermique. Réintroduire ce fonctionnement quotidien peut s’avérer difficile, car cela nécessite une certaine rigueur.

Nous avons tout intérêt à élaborer ce thésaurus pour sensibiliser et communiquer sur ces pratiques. D’autres dispositifs, comme la calade traditionnelle, sont également importants, mais seulement si elles sont posées de manière traditionnelle, sur un lit de sable et non sur un bain de béton.

Avec le béton, nous avons perdu tout l’intérêt de la calade, qui repose sur sa capacité d’absorption immédiate de l’eau et sur le ralentissement du ruissellement des eaux pluviales. La calade limite les phénomènes d’écoulement et, grâce à son absorption, restitue de la fraîcheur par évaporation. Ce phénomène est particulièrement précieux pendant les journées de canicule. Malheureusement, il a été totalement oublié même par ceux qui construisaient ces dispositifs.

13. Une zone à urbaniser en priorité, appelée plus précisément à l'origine « zone à urbaniser par priorité », est une procédure administrative d'urbanisme opérationnel utilisée en France entre 1959 et 1967 afin de répondre à la demande croissante de logements.

14. Alphonse Allais est né le 20 octobre 1854 à Honfleur et mort le 28 octobre 1905 à Paris, est un journaliste, écrivain et humoriste français. Célèbre à la Belle Époque, reconnu pour sa plume acerbe et son humour absurde, il est notamment renommé pour ses calembours et ses vers holorimes. Il est parfois considéré comme l'un des plus grands conteurs de langue française

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Figure 10. Porte de la cavalerie, Arles, XVIII - XIXème siècle.

Retranscription : Antoine Basile, architecte des patrimoines.

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