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Patrick Cohen

Diplômé de l’école d’architecture de Marseille dans l’Atelier d’Architecture Urbaine par Henri Ciriani et Raymond Perachon. Il s’exerce par la suite à la restauration du patrimoine dans le parc du Luberon. De 1998 aux années 2000, il monte et suit le programme REPPIS (Réseau européen des pays de la pierre sèche), et lance le programme de recherche sur la construction de soutènements routiers.

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Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots s’il te plaît ?

 

Tout simplement Patrick Cohen, architecte au PNR du Luberon et spécialisé dans la conservation et la mise en valeur du patrimoine.

 

Tu es architecte dans le Parc naturel régional du Luberon, qu’est ce que c’est que ton métier et que représente la pierre sèche dans le PNR ?

 

Le métier d'architecte dans un parc naturel régional consiste d’abord à connaître le patrimoine. L’architecte doit conduire des inventaires et rechercher toutes les connaissances possibles liées à l’évolution de ce patrimoine et aux techniques de conservation. 

 

Lorsque le patrimoine est inventorié et restauré, il faut partager la connaissance et mettre en œuvre des opérations pour valoriser le patrimoine. 

La valorisation passe par plusieurs canaux, tout d’abord il est possible d’installer des des activités dans les monuments. Par exemple, la maison du Parc (1) se situe à Apt, dans un ancien hôtel particulier qui a été valorisé pour accueillir des bureaux, ailleurs on peut restaurer des portions de châteaux ou bien des chapelles qui ne sont plus vouées au culte qui peuvent accueillir de nouveaux usages comme des salles d’exposition. 

 

En second lieu, l’architecte du PNR assure la qualité de l'architecture qui se construit dans le territoire ainsi que la qualité paysagère. L’architecte assure le conseil en urbanisme, architecture et paysage, auprès des communes et des maires. 

 

Que représente la pierre sèche sur le territoire du PNR du Luberon ?

 

La pierre sèche est un symbole emblématique du PNR, à tel point qu’une borie est devenue le logo officiel du parc. Lorsque le PNR a été conçu en 1977 (2), il regroupait différentes communes du Sud Luberon, du Nord Luberon, du Petit Luberon et du Luberon Oriental. L’élément culturel qui unissait tout le monde était la pierre sèche. Les constructions en pierre sèche sont inhérentes aux paysages ruraux du Luberon. Cette ressource est utilisée depuis la nuit des temps, le matériau pierre permet de construire aussi bien des “restanques” (3) pour l’agriculture, que des “bories” pour l’habitat. Cette forme particulière d’habitat, qui est un abri estival, s'est répandue sur tout le territoire. Il y a une concentration forte jusqu’aux contreforts de la Montagne de Lure (4).

1. Locaux de la Maison du parc naturel du Luberon à Apt. 

​2. Le parc naturel régional du Luberon est un parc naturel régional en Luberon, massif montagneux français peu élevé qui s'étend d'est en ouest entre les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse et qui comprend trois « montagnes » : le Luberon oriental, le Grand Luberon et le Petit Luberon. Il englobe également les versants sud des Monts de Vaucluse.

3. Mur de pierres sèches soutenant une terrasse de culture. 

4. La montagne de Lure est une montagne des monts du Vaucluse, située dans le département français des Alpes-de-Haute-Provence. Elle appartient à la même formation géologique que le plateau d'Albion, qu'elle jouxte, et le mont Ventoux. 

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Peux-tu nous définir les éléments typiques de l’architecture en pierre sèche dans le Luberon ?

 

Le plus marquant des ouvrages en pierre sèche, est peut-être la “borie”. La borie (5) est une forme de cabane en pierre sèche, une cabane de berger. C’est un élément unitaire constitué d’une pièce unique recouverte par une voûte, dite en encorbellement. 

 

C’est un construction sans mortier, les pierres sont uniquement assemblées les unes sur les autres, après une légère taille au marteau. Le principe de l’encorbellement permet de monter les pierres par lits successifs avec un léger débord qui permet de couvrir de l’édifice. 

On a la chance dans le Luberon d’avoir des bories extraordinaires, parfois de 7 ou 8 pièces, sur les plateaux. Ces bories particulières sont des abris de berger pour les estives et n’avaient pas pour vocation d'accueillir des habitants toute l’année. Dans le Luberon, l’habitation se fait historiquement dans les maisons de village. Jusqu’au XVIIème siècle, l’habitation est donc traditionnellement villageoise, 

 

On trouve d’autres typologies de construction en pierre sèche, par exemple on utilise les pierres issues de l’épierrement (6) des champs pour réaliser des clôtures, parfois très hautes avec un système d’encorbellement afin que les chèvres ne grimpent pas dessus. Lorsque les terrains sont en pente, on trouve les fameuses “restanques”. On va construire des murs qui vont avoir une particularité, ce sont des murs très épais, des “murs-poids”(7), avec une façon particulière d’assembler les pierres les unes entre les autres avec des joints croisés à la fois sur la hauteur et aussi dans l’épaisseur de l’ouvrage. On parle de “boutisse parpaigne”. (8)

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5. Une cabane en pierre sèche est un type d'édifice champêtre, bâti entièrement sans mortier, avec des pierres d'extraction locale et ayant servi d'abri temporaire ou saisonnier au cultivateur des XVIIIe et XIXe siècles, à ses outils, ses animaux, sa récolte, dans une parcelle éloignée de son habitation permanente.

6. Fait d'enlever les pierres d'un champ.

7. Un mur poids est par définition, un mur de soutènement dont la stabilité est assurée par son propre poids. C'est aussi un ouvrage avec une structure apparente dont le rôle est de former une masse afin de s'opposer à une forte poussée (poussée de terre). 

8. Pierre taillée ou brique qu’on place dans un mur suivant sa longueur, de manière à ne montrer que le petit bout en parement. 

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Ces murs ont la spécificité de laisser passer l’eau grâce à un drain interne. Lorsque les terres sont détrempées, le mur-poids permet à la terre de respirer. Concernant la biodiversité, les murs poids permettent d’accueillir et de nicher de nombreuses espèces adaptées à ces constructions. 

 

Ces murs poids sont les fameux murs de “restanques” (ou murs de soutènement) il y a une partie de ces murs qui ont permi de construire les routes notamment dans la combe de Lourmarin (9). Ces routes escarpées qui montent sur le coteau et qui possèdent quelques ouvrages très impressionnants, parfois de 5 ou 6 mètres, jusqu’à 8 mètres pour soutenir les terres. 

Figure 4 : Coupe d’un mur en pierre sèche. Christian Lassure. CERAV

9. La combe de Lourmarin est une gorge creusée par la rivière l'Aigue Brun, séparant le massif du Luberon en deux parties, dans le département français de Vaucluse. 

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Il y a également dans certains villages des techniques de revêtements des sols, qu’on appelle “calades” (10). Les pierres ne sont pas montées verticalement, mais posées horizontalement. La technique presque quasiment similaire, à savoir qu’on construit un mur dont le parement extérieur à est à l’horizontal. On vient en fait, “caler” les pierres entre elles pour leur donner une résistance mécanique, sans mortier. 

 

C’est le pavement historique des villages lorsqu’on n'avait pas les moyens de tailler des pavés. On donne aussi des formes à ces calades avec quelques génératrices qui renforcent certains axes et puis lorsque les rues montent on réalise des “pas d’âne” (11) avec des pas espacés et des pierres un peu plus grosses. C’est comme cela qu’on aménage l’espace public de façon historique dans les villages du Luberon. 

Figure 5 : Mur de clôture, village des Bories, Goult. Septembre 2022. © Atelier Géminé.

10. Une rue caladée, encaladée ou en calade, ou plus simplement une calade, désigne en Provence et en Languedoc une voie de communication, une chaussée pavée de galets fluviatiles ou empierrée de pierres calcaires. Dans ce dernier cas, les pierres sont posées verticalement, sur chant

11. Ressauts sur une rampe formant des marches rampantes basses et espacées.

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Comme patrimoine, on trouve à proximité des “bories”, des enclos de 300 ou 500 m² qui permettaient de contenir les troupeaux. Ces enclos disposaient parfois de ruche, on parle alors de “murs apiers” (12). Bien ensoleillés, ils permettaient l'apiculture. 

 

Lorsque les terres sont remplis de cailloux, les agriculteurs réalisaient des clapiers (13), c’est-à-dire des tas de pierres, qui parfois servaient également d’abris pour les éleveurs. 

Ces tas de pierres accueillent des niches, des escaliers volants…Une multitude d’ouvrages qui témoignent de l’emploi des pierres. Un contrefort du Luberon, a donné son nom à ces tas de cailloux issus de l'épierrement des champs, on le nomme le plateau des Claparèdes (14).

 

La pierre sèche est souvent assimilée à juste titre à une société agricole et pastorale disparue, quel est l’usage de ce patrimoine aujourd’hui et comment le faire évoluer pour le rendre vivant ?

 

Les fameuses restanques de pierre sèche étaient traditionnellement réalisées pour installer des vignes, des vergers, quelquefois des céréales, sur les coteaux. Pourquoi les coteaux ? 

 

Car la terre est peu profonde. Il faut avoir en tête qu’entre le Moyen-âge et le XVIIème siècle, les agriculteurs ne disposent pas des outils nécessaires pour labourer les sols profonds. Les plaines sont souvent marécageuses et malsaines, ce ne sont pas les lieux qu’on va forcément cultiver. On construit les coteaux et on va cultiver les sols peu profonds. 

 

Il s’avère que ces sols avec le temps s’épuisent, les murs manquent d’entretien et s’affaissent. Avec le temps et la mécanisation agricole, les agriculteurs ont réussi à drainer et cultiver les plaines, et petit-à-petit les terrasses ont été délaissé au profit de plus grandes exploitations. Aujourd’hui, on prend conscience que ces terrasses constituent un paysage très apprécié. Ces terrasses représentent une image d’Epinal du Luberon, qui est inscrite dans les mentalités. Certains projets agricoles tentent aujourd’hui de se réapproprier ces terrasses sur les hauteurs, avec des productions de vignes ou des vergers. L'objectif pour rendre ces lieux productifs, serait de qualifier les produits issues de l’agriculture de ces terrasses, avec un label artisanal, local, issus d’un travail sans mécanisation de meilleure qualité. Ces terrasses permettrait de développer une agriculture manuelle, plus douce. Malheureusement aujourd’hui ce n’est pas le cas, et les forêts prennent le dessus sur les terrasses, les murs s’effondrent et on a maintenant des centaines d’hectares de terrasses embroussaillées sans aucune activité agricole. 

 

Une autre voie possible pour valoriser ces terrasses passerait par une valorisation touristique. En effet, les visiteurs ont envie de découvrir ces lieux, de randonner, de se balader et pour se faire, il faut penser un entretien de ces lieux. 

 

Même si la meilleure façon de conserver les terrasses reste l’option agricole, quelquefois nous sommes obligés de mettre en place un programme de restauration. Dans cette perspective, la commune de Goult a aménagé un verger d’oliviers (15) sur son territoire. Ces terrasses forment un véritable conservatoire qui archivent les connaissances, les compétences et les techniques de maintien de ces paysages typiques.  

Figure 6 : Calade à Sivergues. Septembre 2022. © Atelier Géminé.

12. Murs à ruches. 

13. Un clapier (ou pierrier) est un amas de pierres regroupées à dessein par l'Homme pour dégager un champ des roches les plus massives qui nuisent à ses qualités agricoles.

14. Le plateau des Claparèdes, situé dans le département de Vaucluse, s'étend au sud d'Apt entre Castellet et Bonnieux. Le toponyme claparède représente l'occitan clapareda, plaine caillouteuse, dérivé de clap/clapa (masculin et féminin) désignant l'éclat de roche, le caillou, le bloc rocheux. Il s'agit de terrains pierreux, difficiles à travailler, très souvent arides

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15. Conservatoire des terrasses de Goult. Le Conservatoire des Terrasses de Cultures s'étend sur cinq hectares et présente des éléments de “petit patrimoine” caractéristiques de la Provence : les terrasses ou restanques, la citerne, l’aiguier, la borie…

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Il est évident que si on veut entretenir ces terrasses, il faut savoir remettre les pierres en place lorsqu’elles tombent. Cela n’est pas bien compliqué, mais il vaut mieux l’apprendre avec des professionnels et diffuser au maximum ces techniques ancestrales.

 

La technique de restauration de murs de soutènement routiers est admirable et efficace. Il n’y a pas besoin d’engins extraordinaires de levage, de mortier…On utilise la ressource locale en utilisant les pierres à proximité du chantier. Il faut juste de la main d'œuvre qui aujourd’hui peut coûter relativement chère, mais cela n’est rien quant à la pérennité de ces constructions, qui avec un bon entretien peuvent durer des centaines d’années. 

 

Aujourd’hui on sait construire des murs en béton, dont on assure une garantie pour trente ans, les murs en pierre sèche tiennent bien plus longtemps mais à condition que le drain soit entretenu, à condition que le premier figuier qui commence à pousser à l’intérieur ou le rejet d'amandier soit coupé et que le mur soit entretenu. Lorsqu’une pierre de couronnement tombe il faut avoir le réflexe de la remettre à sa place. 

 

Il est important que les techniques constructives, l'entretien, et le savoir-faire soient transmis par les muraillers aux amoureux du patrimoine, et plus globalement aux propriétaires fonciers, aux forestiers, aux jeunes artisans, aux agriculteurs. 

Quelle place accordée à l’inventaire ?


Concernant le patrimoine en pierre sèche, le PNR a essayé depuis son origine des tas de solutions pour le valoriser. La première étape a été de renforcer notre connaissance au travers de la conduite d’un inventaire (16), pour vérifier l’état des constructions et suivant le niveau de dégradation proposer des moyens d’intervention. Ce travail s’est effectué au niveau départemental, cet inventaire n’a pas été encore numérisé et c’est un gros travail d’intérêt général qu’il reste à faire. Cet inventaire nous a alertés sur le fait qu’un certain nombre d’ouvrages sont en péril.

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L’autre piste de conservation était d’accompagner les agriculteurs, souvent propriétaires de ces anciennes parcelles agricoles, pour les aider à trouver les moyens de restaurer leur patrimoine, soit par la production même, soit par des aides financières pour la restauration.  

Une autre vague de recherche à la fin des années 1990, a essayé de mettre en œuvre un réseau européen des pays de la pierre sèche (REPPIS) (17) pour partager les savoir-faire et aussi les méthodes de valorisation. En Espagne par exemple, il existe des écoles de formation des muraillers qui transmettent les techniques, les savoir-faire et cela a créé un réel marché de commandes privées pour la conservation, la restauration et le maintien des ouvrages en pierre sèche. 

 

Dans le Luberon, il y a une valorisation touristique des paysages de la pierre sèche qu’on essaye de diffuser, cela pose également des problèmes de ressources. En effet, lorsqu’on veut construire en pierre sèche, il faut des pierres et il ne s’agit pas d’aller détruire de vieilles bories à moitié effondrées pour construire de nouveaux murs pour de nouvelles résidences. Cela implique de repenser la filière et l'approvisionnement en partenariat avec les carriers pour récupérer les déchets de carrière de pierre de taille ou des carrières de découverte pour récupérer des moellons.

 

Est-ce qu’on a réussi dans cette démarche de valorisation ? Je ne sais pas, ce n’est pas gagné et puis ce n’est pas fini, cela doit s’inscrire dans la durée, mais à partir du moment où l’on sait récupérer la technique, ou l’on a des muraillers qui savent faire. A partir du moment où le paysage est reconnu, à partir du moment où on a une activité qui produit des revenus par l’intermédiaire de l’agriculture et du tourisme, on a quasiment gagné. Ce sont des pistes qu’il faut approfondir pour mieux connaître, mieux conserver et mieux valoriser ce patrimoine. 

 

Est-ce que tu peux nous expliquer la notion de petit et grand patrimoine ? Patrimoine ordinaire ? 

 

La France est un pays exemplaire en ce qui concerne la protection et la valorisation de son patrimoine bâti. Au XIXème siècle a été mis en place, grâce aux aventures de Prosper Mérimée (18) et de ses successeurs, un service des monuments historiques, des monuments classés et inscrits, que l’on nomme l’inventaire des monuments historiques (19) et qui contient l’ensemble des grands monuments français: les grands châteaux, les grandes bastides, les cathédrales. Avec le temps, on s’est rendu compte, qu’à côté de ce patrimoine majestueux existait toute une myriade de petits patrimoines ruraux, fonctionnels et appartenant à l’univers du quotidien: des lavoirs, des fontaines, des chapelles, des pigeonniers, des magnaneries (20) qui devaient être préservés et qui avaient une valeur historique. C’est ce que l’on a nommé : le petit patrimoine. 

Ce “petit” patrimoine rural et du quotidien a aussi une valeur historique, une valeur d’usage. Ce patrimoine qui s’est fait avec le temps et qu’on nomme“vernaculaire” (21) est très important pour les villages et d’ailleurs le PNR accompagne les communes pour valoriser, conserver, trouver les moyens financiers de sa restauration et trouver aussi de nouveaux usages.

 

Sentez-vous un engouement des particuliers sur ce petit patrimoine ?

Comment peut-on nourrir une architecture contemporaine plus raisonnée ?

 

Alors deux mots sur l’identité du territoire, il s’avère qu’en ce moment le PNR du Luberon, révise sa charte (22), la charte c’est le projet qu'on construit pour les 15 années qui viennent. En construisant ce projet, nous avons été amenés à rencontrer, des habitants, des associations, des élus du territoire pour faire remonter ce qui les touche le plus, leur préoccupation, leurs besoins. 

 

La question de l’identité régionale du territoire est la plus prégnante. Cette préoccupation ne touche pas uniquement les habitants historiques du Luberon, mais également les nouvelles populations, les jeunes venus s'installer récemment. Ce processus a eu lieu, il y a une vingtaine d’années et se renouvelle aujourd’hui. Les jeunes populations se sentent concernées par cette identité régionale et les éléments forts qui la composent. 

 

Le paysage n’était pas forcément une notion présente en 1977. Il y a aujourd’hui dans la charte du parc des objectifs de qualité paysagère, dans lesquels les paysages de la pierre sèche sont largement mis en avant, les paysages de terrasses n’étaient pas forcément aussi valorisés que maintenant.

L’architecture d’aujourd’hui est bien différente de l'architecture historique évidemment, mais elle est aussi très différente de l’architecture des années 1970, de cette Post-modernité qui n'était pas forcément si appréciée que cela dans les années 1970 ou 1980, ou plutôt qui était mal comprise. C'est normal, car l'architecture moderne est née au tout début du XXème siècle  dans un milieu plutôt intellectuel, culturel et forcément dans les campagnes ces sujets n’ont pas intéressé. Lorsqu’on voit ces architectures qui sont qualifiées de "boîtes à chaussures, ou de boîtes de béton”, on comprend qu’elles ne fassent pas l'unanimité. L'architecture d’aujourd’hui a une autre forme, et une autre vocation notamment cette vocation environnementale. Il y a une prise de conscience des nouvelles générations, sur le bien - vivre sur les matériaux sains, sur l’insertion dans les paysages, sur l’utilisation des matériaux locaux, sur les circuits-courts. 

 

L’architecture contemporaine est représentative de ce changement de paradigme, qui mêle plusieurs ressources locales, la pierre sèche, la terre crue, le bois d'œuvre…Par exemple, dans le Luberon on essaye de valoriser le cèdre pour la construction. On retrouve aussi la volonté d’utiliser des enduits traditionnels qui permettent d'obtenir des formes, des textures qui se marient bien avec les villages. Cela permet aussi de valoriser les ressources locales et d’avoir des constructions dans lesquelles on se sent bien, on respire, on a une bonne isolation, dans laquelle on a envie d’être.

 

Quelles aides financières existent pour la restauration du patrimoine ?

 

Aujourd’hui les aides sont plus ciblées sur la rénovation énergétique pour l’habitat, on a d’ailleurs au PNR du Luberon, un service d’accompagnement à la rénovation énergétique où des techniciens et des architectes conseillent les particuliers pour améliorer le confort à l’occasion de travaux. C’est une porte d’entrée en matière assez connue. 


Il y a une autre voie, moins connue qui est celle du patrimoine, et effectivement il existe des moyens pour obtenir des aides par exemple, lorsqu’il y a dans une ville une “opération façade”, on peut rénover sa façade qui a une valeur patrimoniale avec des aides de la communes, de la région, ou du département. Un particulier qui disposerait d’une borie par exemple et qui souhaiterait obtenir une aide parce qu’il n’a pas les moyens de la restaurer peu se rapprocher effectivement, des collectivités pour trouver des aides financières, il y a souvent des conditions d’ouverture au public, de visite, de rendre visible effectivement l’aide financière qui est apportée par une collectivité. Il y a aussi des aides fiscales qui sont apportées notamment par la Fondation du Patrimoine (23), qui permettent aux particuliers d’avoir des déductions fiscales intéressantes. Les aides existent et ne sont pas toujours bien connues, elles sont quelquefois difficiles d’accès, cela fait partie des sujets sur lesquels on essaye de communiquer pour aider au mieux les particuliers.

Figure 8 : Part du patrimoine en %. Crédit images: © PNRL – Jérémie Haye, © PNRV – Marjorie Salvarelli, © PNRL – Françoise Delville, © PNRC – C. FAURE, © PNRC – OPUS SPECIES.

17. Sous le sigle REPPIS, avait été mis en place, au tournant du siècle, un « Réseau des pays de la pierre sèche », financé par l’Union européenne. Défini comme « projet pilote de coopération interrégional de développement économique à vocation culturelle sur le thème mobilisateur du patrimoine et du travail de la pierre sèche », il regroupait quatre régions européennes : les Pouilles (pour l’Italie), l’Épire (pour la Grèce), les Baléares (pour l’Espagne), le Luberon (pour la France).

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Figure 10. Prosper Mérimée (1844 - 1870)

18. Prosper Mérimée, né le 28 septembre 1803 à Paris et mort le 23 septembre 1870 à Cannes, est un écrivain, historien et archéologue français. En 1831, il entre dans les bureaux ministériels et devient en 1834 inspecteur général des monuments historiques. Il effectue alors de nombreux voyages d'inspection à travers la France et confie à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc la restauration d'édifices en péril comme la basilique de Vézelay en 1840, la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1843 ou la Cité de Carcassonne, à partir de 1853.

19. La Conservation régionale des monuments historiques (CRMH) est un service déconcentré du ministère de la Culture français, intégré au sein d'une Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), et chargé de recenser, protéger et restaurer les monuments historiques. Une CRMH est dirigée par un Conservateur régional des monuments historiques. 

20. Local où se pratique l'élevage des vers à soie.

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